La France touchée en son coeur

La semaine dernière, notre pays a été une fois de plus victime de la barbarie islamiste dans la ville de Trèbes près de Carcassonne. Un attentat odieux a été commis et a fait quatre victimes ainsi que plusieurs blessés. 

Je pense à la famille et aux proches des victimes de cet acte abject et je m'incline face à l'héroïsme dont a fait preuve le Colonel de Gendarmerie Arnaud Beltrame. J'étais fière d'être présente aujourd'hui à l'hommage national qui lui a été rendu aux invalides. Arnaud Beltrame a donné sa vie pour sauver celle d'une employée du supermarché en prenant auprès du terroriste la place de l'otage. Ce geste l'honore et sa bravoure entraine toute la Nation qui se lève à sa suite pour faire face à l'obscurantisme et au nihilisme barbare. 

Depuis quelques jours, j'observe qu'une partie de la classe politique ne prend même plus la peine de respecter le deuil national avant de se lancer tête baissée dans la petite polémique politicienne. La solution face au terrorisme n'est pas dans la division mais bien dans l'union et avant tout le pragmatisme dans les actions à mener pour combattre la folie meurtrière et la haine. 

Le Gouvernement et la majorité sont mobilisés pour garantir le meilleur niveau de sécurité pour les Français. L'Etat Islamique essuie de nombreuses défaites sur le terrain, mais ce recul fait émerger une nouvelle forme de terrorisme. Il s'agit d'un terrorisme endogène, où n'importe qui peut, en quelques semaines, prendre la voie de la radicalisation et dans un élan de folie décider de passer à l'acte.
Face à cette nouvelle menace, la principale arme que nous ayons est le renseignement. C'est pour cela qu'il est nécessaire de ne pas politiser des outils puissants de surveillance et de renseignement tels que les fiches S ou les fiches FSPRT qui ont permis notamment de déjouer 22 attentats depuis le début de l'année 2017. Ces outils ne peuvent être utiles que lorsque la personne visée ignore qu’elle fait l’objet d’une surveillance. Mettre en rétention tous les fichés S est une solution simpliste, qui va à l’encontre de l’efficacité opérationnelle dont nos forces de l’ordre ont besoin sur le terrain. L'expulsion des étrangers fichés S ne résoudrait pas non plus le problème. Un individu radicalisé en veut à nos valeurs et à tout ce que la France représente. Le retour dans leur pays d’origine n’y changera rien mais au contraire peut leur laisser le champ libre pour préparer un attentat, et ce en dehors de toute surveillance.

Nous faisons face à une menace terroriste qui va durer longtemps, c'est pour cela que nous avons assumé de mettre fin à l'Etat d'Urgence qui par son caractère exceptionnel ne permettait pas d'avoir un niveau d'efficacité optimal contre cette nouvelle menace. La loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme votée en octobre dernier nous a permis d'en adapter dans le droit commun les mesures les plus efficaces.

Nous travaillons sur plusieurs plans : nous avons doté le droit commun de mesures antiterroristes pérennes, le Premier Ministre a lancé le 23 février dernier un nouveau plan de prévention de la radicalisation avec 60 mesures concrètes, nous recrutons 1900 policiers supplémentaires dans les services de renseignement et nous agissons sur les théâtres d'opérations extérieures pour éradiquer la menace à sa source. 

Néanmoins, le risque zéro n'existe pas et ceux qui voudront vous le faire croire vous mentent et prennent une énorme responsabilité. Il convient, sur ces questions, de se garder de faire des déclarations à l’emporte-pièce et de prôner une politique qui semble efficace dans les discours mais qui ne l'est pas dans les actes.

En fin d’après midi aujourd'hui, je me rendrai à la marche blanche pour Mireille Knoll, cette vieille dame odieusement assassinée parce que juive. Au delà de la colère et de la tristesse, nous devons combattre l’antisémitisme qui est un poison pour la République.

Française, élue d’une République, laïque, une et indivisible, j'étais aux Invalides et je serai à Nation.

Marie Guévenoux
Députée de la 9e circonscription de l'Essonne